« Mon corps a oublié la peur »

Après sa victoire à Roland-Garros 2009, Federer parle de son service, de ce dos qui l’a tracassé durant de longs mois, et de l’opération commando qu’il a menée pour repousser les limites de son organisme.

« Bon, c’est sûr que j’ai moins mal au dos. Mais, quand j’ai réuni Pierre (Paganini, son préparateur physique) et Seve (Severin Luthi, son coach) pour reprendre l’entraînement, je leur ai dit : “ Je dois faire du jeu de jambes dans tous les sens, du service dans tous les sens, parce que mon mental doit savoir que je peux le faire. Je veux m’en persuader. ” En fait, j’ai eu un feeling à l’intérieur de moi : mon corps se retenait et me retenait. Mon corps avait peur de servir ou de s’arracher pour aller chercher une balle en bout de course… Inconsciemment, j’avais peur. J’ai donc décidé de travailler à fond les ballons. On a fait “ exprès extrême ”. Pour mon mental, c’était un passage obligé. Si ça casse, au moins, je saurai. Sinon, j’aurai accompli un grand pas sur le bon chemin. ». Au terme de cette expérience in vivo, un service enfin retrouvé. « Il me manquait la possibilité de varier. Or sans pouvoir varier, je suis mort. À cause de la douleur, mon geste avait intégré des parasites sans que je m’en rende compte. Me libérer de ça m’a pris du temps. Il y a eu des hauts et des bas, mais, au final, ç’a été un grand déclic. Retrouver mon service, et mes coups de défense a tout changé pour moi. Mon corps a oublié la peur. »

(L’Equipe 9 juin 2009)