Influence de la fatigue sur la performance… Réflexion !

La fatigue est un paramètre essentiel à prendre en considération dans la performance sportive. On sait qu’elle joue un rôle très important en diminuant la capacité de performance.

Sur le Tour de France, son rôle est fondamental puisqu’elle augmente insidieusement jour après jour. Elle a une action délétère sur la régulation des différents systèmes fonctionnels et sur la régulation mentale du sportif.

J’ai longtemps cru qu’en 3ème semaine d’un Tour de France avec la présence d’un niveau de fatigue assez important, les performances devaient obligatoirement diminuer. Car, fatigue il y a. Elle existe bien. Elle est réellement présente. Lorsqu’on demande aux athlètes leurs sensations ou qu’on observe l’évolution de certaines variables biologiques et physiologiques, tout va dans le sens d’un niveau de fatigue plus important qu’au départ du Tour.

Or, j’ai pu constater à plusieurs reprises ces dernières années, grâce à la mesure de la puissance développée sur les vélos, que des coureurs bien classés au général se battant pour défendre leur place, étaient capables d’établir des performances extrêmement élevées, voir même de battre certains records de puissance.

J’ose avouer que jamais je n’aurais pensé que cela soit possible. J’ai dû attendre plusieurs années et suivre des coureurs de bon niveau pour observer cela. J’ai observé ce phénomène plusieurs fois. Je sais aujourd’hui qu’il existe réellement. Et cela m’épate toujours. Je ne l’explique pas. Les connaissances scientifiques actuelles ne donnent pas d’explication. L’explication que je suggère aujourd’hui est la suivante, il existerait dans certaines conditions exceptionnelles de compétition où la motivation du sportif est extrêmement grande et l’enjeu important, un mécanisme physiologique capable de shunter en partie la fatigue existante. Je pense que ce mécanisme se situe au niveau du système nerveux central qui gère la commande de l’ensemble des systèmes fonctionnels de la machine humaine. Je pense également que ce mécanisme n’existe pas chez tous les athlètes mais seulement chez ceux qui auraient la capacité physique et mentale de se mettre en fonction de certaines configurations de compétition dans une sorte d’état que j’appellerais « sublimatoire ».

La physiologie de l’exercice nous donne de nombreuses réponses aujourd’hui mais elle est encore bien loin d’expliquer certaines observations en compétition. Les expériences conduites en laboratoire ne permettent pas aujourd’hui d’explorer certaines limites de la performance humaine car les limites ne peuvent être atteintes que dans des conditions très particulières en compétition.

Cette analyse complète celle que j’ai réalisé hier concernant les performances de Chris Froome et celles d’autres athlètes qui sont capables de produire de hauts niveaux de puissance en présence certainement d’un niveau de fatigue important.

Aujourd’hui, une chose s’impose à moi en regard de mon expérience riche de 25 années d’entraîneur et de chercheur, c’est qu’il faut savoir rester humble en regard du fonctionnement de la machine humaine qui est très loin d’avoir livrée tous ses secrets. Mais c’est ça qui est passionnant !